Descriptif :

Parce qu’il est au cœur des sociétés humaines, le conflit peut toujours déboucher sur la violence et le meurtre. Or, entre la violence et la paix, s’interpose en général le verbe, écrit ou oral : par le discours argumenté, il entreprend de résoudre l’injustice en travaillant à dégager des pôles d’accord en mesure de dire le vrai, sans menacer la paix civile.

Mais si le conflit met en jeu des intérêts vitaux incompatibles entre eux, ce verbe peut à son tour se retrouver contaminé par la violence ambiante, et virer en "polémique". Dans ce cas, comment le verbe peut-il rester assez lucide pour dire le vrai sans céder à ses propres excès, et être aspiré par la violence qu’au départ il voulait précisément dénoncer ?

Egalement préoccupant, quand ce verbe est celui d’un grand écrivain, ne risque-t-il pas de perdre sa dimension proprement artistique pour se dégrader en une parole triviale contestable ? Mais alors, d’où peut-on et d’où doit-on parler pour dire le vrai, sans que ce vrai ne se défigure dans les dérives de la polémique ? Que faire, en somme, pour que la polémique ne devienne pas une "machine à blesser", mais qu’elle soit capable, après son cri d’indignation, de retrouver la voie d’un dialogue juste et sain ?

Plongés dans de durs moments de l’Histoire, de grands écrivains comme Voltaire, Hugo, Zola ou Bernanos peuvent permettre d’éclairer un enjeu qui est, aujourd’hui, plus que jamais d’actualité